Jojolasage Admin
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| Sujet: [poème] Ainsi que la licorne Mer 31 Mai - 18:23 | |
| Ainsi que la licorne Thibaut de Champagne (1201- 1253) Je suis comme la licorne qui s’ébahit en regardant quand elle contemple la pucelle. Elle est si contente de ce qui lui arrive qu’elle tombe pâmée en son giron. Alors on l’occit traîtreusement. Et moi, j’ai été tué de telle manière par l’Amour et ma dame, vraiment. Ils ont mon cœur, je ne puis le ravoir.
Dame, quand je fus devant vous, la première fois que je vous vis, mon cœur battit si fort qu’il vous resta, quand je partis. Lors je fus mené sans rançon captif en la douce prison dont les piliers sont de Désir, les portes de Beau Voir et les anneaux de Bon Espoir.
Amour a la clé de la prison et il y a mis trois portiers : le premier a nom Beau Semblant ; à Beauté il a donné le commandement ; il a mis à la porte d’entrée Danger, un ord, félon, vilain, puant, qui est très méchant et très lâche. Ces trois-là sont prestes et hardis: ils ont tôt fait de saisir un homme.
Qui pourrait souffrir les mauvais tours et les assauts de ces huissiers? Jamais Roland ni Olivier ne vainquirent en si grands chocs; ils vainquirent en combattant mais ceux-là, on les vainc en s’humiliant. Souffrir est leur gonfalonier. En cette joute dont je vous parle il n’y a d’autre secours que de crier merci.
Dame, je ne redoute rien plus que je cesse de vous aimer. J’ai tant appris à endurer que je suis vôtre par habitude; même si cela vous chagrinait, je ne puis tant faire que je n’aie le souvenir, et que mon cœur ne soit toujours en captivité, près de moi.
Dame, puisque je ne sais tromper, il serait à propos de m’octroyer la grâce de soutenir si lourd fardeau. Source : http://www.rom.uga.edu/mac/fassaf/poesie.medievale.html | |
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